
conception Gabriel Dufay
mercredi 16 avril à 20h au Petit théâtre
Comme l’écrit le poète Pierre Cendors, la poésie n’habite pas la poésie. On l’y trouverait toujours. Elle en est souvent absente. Alors, où est-elle, cette poésie dont on parle souvent mais qu’on peine à définir, elle qui se situe hors de portée de l’oiseleur qui voudrait y enfermer à jamais son chant ? Et où est-elle aujourd’hui ? Que peut-elle pour nous, face à la violence et à la détresse du monde ? La poésie est pour moi liée à l’oxygène et à notre besoin d’élévation et de quête du langage et de son origine, elle est aussi un rempart à la violence, ce qui nous reste encore quand on n’a plus rien. C’est pourquoi elle m’apparaît si essentielle. Dans un monde irrévocablement privé de la profondeur des lointains, les étoiles de la poésie nous permettent souvent de nous orienter.
Ces soirées sont conçues comme des passerelles entre des écrivains contemporains – poètes ou auteurs imprégnés de poésie avec qui j’entretiens un lien particulier – et des poètes morts, dont l’œuvre continue de nous éclairer. L’idée est de proposer un regard inédit sur des œuvres rares et des écritures singulières, en proposant une rencontre, un dialogue littéraire entre deux poètes, afin, comme l’écrivait Walter Benjamin de recueillir ces étincelles d’espérance enfouies dans le passé et les faire revivre au cœur même du présent. J’assurerai l’organisation de ces soirées, en m’entretenant avec l’auteur invité sur la présence et le rôle de la poésie dans son œuvre, et en dressant des ponts avec chacun des poètes dont il sera question, en dessinant des échos et des correspondances entre présent et passé. Les soirées seront agrémentées de lectures de passages choisis de l’auteur invité et du poète convié.
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Gabriel Dufay
Étincelle de printemps :
Alda Merini / Marie N'Diaye
Puissance de la langue et de l'amour
en partenariat avec la compagnie Incandescence
avec des lectures de Noémie Lvovsky, et d'Alessandra Domenici et Gabriel Dufay, traducteurs de Alda Merini, Confusion des étoiles publié dernièrement aux Éditions Seghers. La rencontre sera suivie d'une signature.
mercredi 16 avril à 20h
Alda Merini est une grande poétesse italienne, trop peu connue en France, à l’œuvre incandescente, convoquant dans sa poésie les spectres de l’amour et de la folie, mais aussi les clochards, les vieillards et les prostituées. Poétesse au destin déchirant, elle déploie un langage poétique qui n’appartient qu’à elle. « Il y a des forêts qui mettent le feu aux mots », écrit-elle au détour d’un poème de Confusion des étoiles, recueil que j’ai eu la joie de traduire avec Alessandra Domenici, souhaitant faire découvrir cette grande écrivaine de la folie amoureuse, qui s’est battue toute sa vie contre les normes et les dogmes sociétaux et qui en a payé le prix.
Marie N’Diaye, autrice du célèbre prix Goncourt, Trois femmes puissantes, écrivant autant du théâtre que des romans dans lesquels la poésie s’insinue, possède également une langue unique. Je sais l’importance de la poésie pour cette écrivaine rare, romancière de l’ambiguïté qui cherche la musique des phrases. Grande écrivaine française, elle questionne tout autant la famille, l’identité, la place de la femme dans la société. Il m’a semblé passionnant de faire se rencontrer ces deux grandes écrivaines à la langue incantatoire, de faire dialogues leurs œuvres multiples et vivifiantes qui dessinent un horizon de chants, éveillant ombres et fantômes, questionnant la condition d’étranger et notre étrangeté au monde.
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Gabriel Dufay
entrée libre sur réservation
Étincelle d’hiver : Paul Valet / Gabriel Dufay – Sous le signe du feu
avec la participation de Linda Maria Baros, poétesse et directrice du Printemps des Poètes – et des lectures de Gabriel Dufay et de la Relève Bariolée
mardi 11 février à 20h
Cela fait des années que j’enquête sur un poète précieux et trop peu connu du XXème siècle : Paul Valet. Je l’ai découvert par hasard il y a une vingtaine d’années, par le biais d’un ouvrage intitulé Vertiges. J’ai ouvert ce livre et un poème intitulé Et je dis non m’a littéralement éclaté au visage. Depuis, je me suis plongé dans l’histoire de cet homme, artiste inclassable dont la vie se confond, de manière foudroyante, avec l’histoire et la littérature du vingtième siècle. C’est l’origine de la parole poétique – la mienne et celle de Paul Valet – que je veux questionner par le biais de cette soirée, au cours de laquelle nous tenterons de redonner voix et corps à un grand poète.
Rencontre entrecoupée de lectures et suivie de la signature par Gabriel Dufay de son ouvrage Paul Valet - Être fou plutôt qu'à genoux publié aux éditions Les Belles Lettres.
Étincelle d’automne : Yannick Haenel / Cristina Campo – Quête d’absolu
avec des lectures de Orlène Dabadie, Jean Destrem, Alessandra Domenici et Gabriel Dufay
samedi 12 octobre à 20h
C’est par Yannick Haenel que j’ai connu Cristina Campo, reine de poésie, qui a peu écrit mais dont les ouvrages sont de véritables joyaux (Les Impardonnables, La Noix d’or…) faisant la part belle à la magie et à l’extase. Yannick Haenel, de son côté, est inlassablement porté par les étincelles qu’il n’a de cesse de saisir dans ses romans et essais. Leur écriture est placée sous le signe de Vénus et habitée par cette question au centre de la rencontre : « Comment rejoindre l’impossible si ce n’est précisément à travers l’impossible ? »