Installation photographique d'Alain Willaume
« Nature aime se cacher* » et celui qui montre, qui dévoile, ne trahit pas forcément cet amour de l’esquive. Montrer n’est pas toujours obscène quand montrer est offrir du mystère, inviter le regard à revenir pour raconter mille histoires, pour se perdre dans la puissance des formes, ou la profondeur des noirs, la générosité bouleversante des gris à l’infini. Le monde ne chute pas, il montre son insomnie et dans son épuisement, il nous raconte l’épuisement des humains. Instantanéité de notre harassement comme de notre fragilité. Beaucoup en font l’expérience, quand le paysage qui s’ouvre au regard révèle ce que nous ignorions de nous-mêmes. « Nature aime à se cacher », jouer à la débusquer ne peut être qu’un dépassement, une bonté supérieure, un acte de bravoure.
Wajdi Mouawad
*. Héraclite d’Éphèse, vers 544 av. J.-C.
En 2019, c’est Alain Willaume, photographe du collectif Tendance Floue, qui est, aux côtés de Pierre di Sciullo, graphiste typographe, dans les pages de l’almanach aussi bien que sur les murs du métro et ceux du théâtre.
Mélancolie des collines, l’installation photographique inédite d’Alain Willaume, est prolongée dans les espaces publics du théâtre jusqu'au 31 décembre 2020.
Les photographies, en grand format, sont à découvrir du mardi au samedi à partir de 17h et le dimanche à partir de 14h.
entrée libre
édition
Les Éditions Xavier Barral publient COORDONNÉES 72/18 une monographie d’Alain Willaume regroupant 270 photographies couleur et noir et blanc, de 1972 à aujourd’hui.
Sous l’influence de longs voyages et à l’écart des courants, Alain Willaume dresse ici une cartographie personnelle faite d’images énigmatiques et engagées qui racontent la violence et la vulnérabilité du monde et des êtres qui l’habitent. Dans cet ouvrage rétrospectif qui traverse plus de quarante années de son travail, il est question de donner une forme à la tension des images, de rendre palpable la friction entre l’inquiétude et la sérénité qui s’en dégagent. Une introduction rédigée par David Chandler (auteur, commissaire d’expositions et critique) ainsi que des textes de Gérard Haller (écrivain) accompagnent les images du photographe et contextualisent sa vision.