un projet de Wajdi Mouawad
et Kaori Ito
avec Charlotte Farcet, Victor de Oliveira, Delphine Lanson et Isabelle Lafon
Le nocher mène en barque un passager d’une rive à une autre. Il est Charon, nocher de l’Hadès, le navigateur qui prend soin de son passager. Reliant un monde à un autre, La parole nochère serait donc cette parole qui porte la mémoire de ceux et celles qui nous ont quittés.
En ces jours de glissement où le monde aussi passe d’une rive à une autre, c’est là une question qu’un théâtre doit se poser : comment parler de la mort ? Comment aider à faire le deuil ? Lorsque l’on sait qu’à l’époque de la Grèce antique aucun hôpital ne se construisait sans un théâtre à ses côtés, on peut penser qu’il fut un temps où poésie, guérison et mort étaient intimement liées. Serait-il possible aujourd’hui de tenter, même imperceptiblement, de les relier à nouveau ?
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La Parole nochère invite une personne à témoigner de l’expérience de la perte d’un être cher, guidé par la voix d’un artiste à travers le combiné d’un téléphone placé dans une cabane cachée au cœur du théâtre. À l’issue de cette conversation le témoin adresse ensuite, seul cette fois-ci, les paroles secrètes de l’hommage qu’il souhaite rendre au disparu. Sans être écoutés, ces deux appels sont consignés anonymement.
À l'occasion de l'événement À la vie à la mort le dimanche 26 juin 2022 à 15h, les paroles scellées du dialogue entre le témoin et l’artiste-guide ont été enfouies au plus profond de La Colline, sous la grande scène. Elles sont une présence radioactive au cœur-même du théâtre. Les paroles adressées aux disparus se sont envolées quant à elles au vent, dispersées telles des cendres depuis le toit du théâtre. En présence des artistes et des participants nous avons célébrer nos défunts : une fête pour honorer les morts dans un théâtre, juché sur une colline, adossé à un cimetière.