Quelque part dans une Afrique assoiffée à la frontière de deux pays.
Le bar-restaurant-hôtel-épicerie de Kinkali est tenu par Marcel, Breton, « quarante-sept ans d’Afrique » ; deux indigènes, le vieux Simon, et Marie-Annick, gardienne des lieux, prostituée à l’occasion, y vivent avec un Européen, Antoine, médecin volontaire dans un dispensaire où il opère avec les moyens du bord.
Pierre, attaché culturel à l’ambassade de France au Bosamba depuis vingt-cinq ans, et Claire, touriste, à la recherche de son père, sont de passage. L’armée officielle, en lutte contre les rebelles, bloque le village ; les six personnages, enfermés sous un soleil étouffant, affrontent les dangers du dehors, et ceux du dedans ; ils se racontent, s’interrogent : le cynisme de Pierre n’est-il pas l’envers de l’idéalisme d’Antoine, son avenir peut-être ? La passion de l’Afrique est-elle une quête ou une fuite ? Quand l’humanisme se confond avec l’humanitaire, l’action a-t-elle un sens ? Les filtres du sorcier peuvent-ils faire naître l’amour ?
Dans une Afrique imaginaire et pourtant réelle (la pièce, écrite avant les évènements du Rwanda, ne peut manquer d’y faire penser), remémorée et romancée, Arnaud Bédouet met en scène le désarroi des individus, et les contradictions de l’Histoire.