Claude Régy

revue électronique en 2006 conçue par Olivier Besson, mis à jour par Quentin Bonnell
direction de la publication Laure Hémain

 

Sommaire

  1. Editorial par Olivier Besson
  2. Entretiens et allocutions
  3. Textes extraits du film Claude Régy, la brûlure du monde
  4. Vidéos
  5. Bibliographie
  6. Annexes

 

Partout des parcelles d'introuvable.
En nous surtout.

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Claude Régy

 

Couverture de la revue Claude Régy

 

Editorial par Olivier Besson

Olivier Besson a travaillé avec Claude Régy de 1989 à 1993, comme secrétaire, puis comme assistant. Il a depuis travaillé à plusieurs reprises à la sensibilisation des publics au travail de C. Régy.

 

Le travail de Claude Régy peut être vu, glosé à la lumière des commentaires du metteur en scène lui-même, à celle de ses dossiers dramaturgiques qu’il rend bien volontiers publiques, à celles de tous ceux qui tentent fort légitimement d’élaborer une réflexion à partir de ses mises en scènes. Mais si l’on n’y prend pas garde, toutes ces matières textuelles prennent le risque d’opacifier le geste sur lequel elles tentent d’apporter un peu de lumière. Le discours et la réflexion s’accumulent en un monticule qui finalement bouche la vue ; à trop savoir ce qu’il va voir, ou ce qu’il a vu, le spectateur risque de s’oublier lui-même en tant qu’être humain faisant une expérience de vie. Il joue avec un système de signes et de sens, manie de la pensée, fait du spectacle un objet dans le meilleur des cas « intéressant ». Or précisément, les enjeux du travail de Régy ne sont à chercher, ni du côté du signe, ni de celui de la construction d’un système de sens, mais du côté d’une tentative incertaine, qui se hasarderait à explorer une forme de « non-savoir », d’« inconnaissable », d’« indicible », de « mystère ». Les spectacles de Régy sont finalement très simples, d’un abord très immédiat, ils ne nécessitent aucune culture, aucun présupposé théorique, mais bien davantage une écoute, neuve, ouverte, une forme d’abandon libre, sans attente. Ils font appel en nous, spectateurs, à un mode de sensibilité et de perception tout à fait singulier, hors des codes de lectures usuels de la représentation. Peut-être devrions-nous entrer dans la salle de spectacle avec pour tout viatique, non pas un savoir préalable sur Jon Fosse ou sur le travail de Régy, mais un état intérieur auquel nous nous serions préparés.

Pour faire vite, notre culture du théâtre nous a appris à écouter des histoires, à voir agir des personnages, à décrypter du sens, à apprécier des qualités de jeu d’acteur, des qualités littéraires de textes, des styles de mise en scène, et à tirer du plaisir, de l’émotion et de la pensée de tout cela.

 

Avec le travail de Claude Régy, tous ces critères, d’emblée tombent. Sur la scène, il n’y a rien à voir ou presque, en tout cas pas de spectacle, pas de décor, à peine de lumières, et juste un texte à entendre, mais pas interprété par les acteurs, ni « mis en scène ». Un théâtre a minima, qui laisse pressentir que l’essentiel est ailleurs, peut-être du côté de cette masse sombre d’espace vide qui se tient en arrière scène, comme une autre scène, où rien n’est ni vu, ni dit, peut-être aussi du côté du spectateur. Donc taisons nous, faisons l’économie salutaire de toute parole, et laissons la représentation se faire, simplement protégée d’un écrin de silence et de vide. Ce serait peut être la solution la plus sage et la plus juste... Pourtant, il y a fort à parier que cette qualité d’écoute demandée au spectateur soit pour beaucoup d’entre eux l’aboutissement d’un chemin. Celui-ci peut passer par l’instinct, la rencontre immédiate entre la sensibilité du spectateur et celle du spectacle, mais sans doute pour bien d’autres passe-t-il par le plein de la pensée et de la réflexion : la parole et l’élaboration de pensées, comme mise en place des conditions de possibilité de son effacement. Parler pour que le silence puisse advenir, écrire comme préalable à la page blanche. Et ce processus serait alors directement parallèle à celui du travail de création de Régy, qui apprend pour oublier, accumule du savoir jusqu’à atteindre à un non-savoir, cherche des pistes jusqu’à se perdre. C’est dans cette hypothèse que se situe notre dossier, qui tente de ne pas gloser le travail de Claude Régy, mais d’en approcher au plus près, à partir de son plus concret et de son plus inaccessible aussi : les répétitions. Les répétitions comme étant le coeur du dispositif de création théâtral, le moment de vérité où les imaginations du metteur en scène et celles du texte viennent à la rencontre de la vie des acteurs, et plus largement de celle du plateau.

 

Chez Régy, les répétitions sont strictement fermées à toute personne étrangère à l’équipe de création. Le personnel du théâtre de la Colline n’y est pas plus admis que vous ou moi. Il dit qu’assister à des répétitions est un acte indécent, « imbécile » même, tant celui qui viendrait assister au travail n’assisterait en fait à rien, par ce qu’il ne verrait, et ne comprendrait rien de ce qui y est en jeu. Il utilise la métaphore du mystère de la grossesse, qui échappe à la mère elle-même, il aurait pu prendre plus radicalement encore celle de la conception, comme acte fondateur et fondamentalement impudique, non partageable. La scène primitive ne se regarde pas, elle se vit et s’habite, mais aucun regard extérieur n’y a sa place, même si c’est vers elle que toutes les attentions convergent. L’espace de secret des répétitions sera donc absolument respecté, nous n’entrerons pas dans la chambre noire, mais ceux qui en sortent nous en diront simplement ce qu’ils voudront, comment autant de contes et de légendes sur l’invisible/l’indicible. Les éléments de textes, de sons et d’images que vous allez découvrir ne cherchent donc pas à faire comme si vous y étiez, ils s’appliquent à ne pas « parler sur » les répétitions, mais plutôt à partir d’elles, et de manière non descriptive, toujours subjective, afin de ne pas abîmer, de ne pas réduire, de ne pas faire comme si l’on avait compris, et surtout de ne pas poser d’équivalence trompeuse entre ce qui se passe et ce que l’on peut en dire. C’est pourquoi vous ne trouverez pas de clefs, ni de mode d’emploie du travail de Régy, toutes tentatives d’emblée condamnées à l’échec, mais plutôt, des perspectives ouvertes, des angles de vue qui tentent de rendre ce travail sensible. Pour parler des répétitions, nous avons réuni plusieurs types de documents : d’abord des témoignages de personnes travaillant directement et quotidiennement avec le metteur en scène dans son processus de création, et qui nous offrent des paroles très libres, parfois contradictoires, hésitantes, qui parlent d’un processus de création lui aussi toujours libre, contradictoire, hésitant. C’est la colonne vertébrale du dossier, au centre, et puis de part et d’autre, des prises de paroles de Claude Régy lui-même, et des éléments de dramaturgie.

 

Lors d’une Soirée nomade de la fondation Cartier (dont vous pouvez entendre des extraits dans le bloc « chemin d’infinis », rubrique Soirée nomade) à laquelle étaient conviés l’astrophysicien Michel Cassé et Claude Régy, un auditeur demande à ce dernier ce qu’il a pu découvrir de précis en répétition, qui fasse écho à ce qui venait d’être dit sur l’antimatière, la vie des neutrinos, etc, qui semble tant passionner le metteur en scène. Et ce dernier répond aussitôt par des anecdotes qui l’ont frappées lors de ses lectures récentes, par des histoires de mort des cellules qu’il se met à raconter avec passion. Ce qui est intéressant dans cette réponse, c’est qu’il s’agit d’une vraie réponse, et pas d’une manière de botter en touche ou de parler d’autre chose. Autrement dit, parler d’astrophysique, d’anti-matière, de suicide des cellules, ou de mythologie, est pour Régy une manière de penser concrètement le théâtre, tout autant que de savoir si les acteurs doivent entrer à jardin ou à cour. Il ne pose de théorie a priori sur le théâtre, et si des éléments de réflexions apparaissent, ce n’est qu’en cours de route, presque incidemment. Par exemple, cette notion de ralenti, qui caractérise si fortement son travail, n’est jamais un préalable aux répétitions. Et bien des spectateurs seraient surpris d’apprendre qu’avant les répétitions de tous ses spectacles, Régy se promet que cette fois, le texte se jouera très vite, que les acteurs se déplaceront très normalement. Et à chaque fois, c’est la vie du plateau, des acteurs, celle du texte, et de tous les imaginaires, de toutes les histoires d’antimatière, de mort des cellules, etc, qui viennent habiter les répétitions, qui mènent à ces formes de spectacles qui font que les mises en scène de Claude Régy ont un « style », absolument repérable. Donc entendre le metteur en scène se passionner pour le travail de l’astrophysicien Michel Cassé, ou pour celui d’un spécialiste de la mythologie comme Paul Veyne, n’est pas entendre une parole et une qualité d’écoute d’une nature radicalement différente de celles qui sont à l’oeuvre en répétitions. Il peut tout à fait parler très longuement à ses acteurs de suicide programmé des cellules. « Si des cellules ne meurent pas vous aurez des artères et des veines pleines, où le sang ne pourra pas circuler. Pour que les canaux existent, il faut que des cellules meurent. On ne peut pas demander à un acteur de jouer ça, c’est évident, mais j’ai l’habitude de travailler avec des choses que l’on ne peut pas dire aux acteurs, et avec des choses que l’on ne peut pas faire, et que l’on ne peut même pas penser, et c’est à partir de là que ça commence à être intéressant. La pensée commence quand on pense quelque chose qui n’a pas été pensé. On est donc forcé de penser des choses impensables. Travaillons là-dedans.» Et lorsque l’interlocuteur demande un exemple, Régy répond en riant : Il n’y a pas d’exemple, essayez !. C’est donc dans cette perspective très particulière que les éléments de dramaturgie apparaissent dans ce dossier sur les répétitions, comme une matière vivante qui irrigue l’ensemble du processus de création.

 

Entretiens et allocutions

Entretien avec Arnaud Rykner, qui a travaillé à la traduction puis à la dramaturgie de Chutes et de La Terrible Voix de Satan, deux pièces de Gregory Motton montées par Claude Régy respectivement en 1991 et 1994.

Entretien avec Bertrand Krill qui en 2001 a été traducteur et assistant sur Carnets d'un disparu, pièce lyrique de Leos Janacek, mise en scène par Claude Régy en 2001 au Kunsten Festival des Arts, à Bruxelles. Cet entretien a été réalisé au Théâtre de La Colline.

Entretiens entre Claude Régy, Michel Cassé, Paul Veyne Valérie Dreville et Jean-Claude Amnésien

extrait de "Claude Régy, rencontre en Avignon" émission diffusée du 15 au 17 juillet 2002

retransmis sur France Culture dans l'émission d'Alain Veinstein "Surpris par la nuit".

Entretien avec Alexandre Barry réalisé par Olivier Besson au théâtre de la Colline le 5 Septembre 2003. Alexandre Barry fut assistant de Claude Régy dès 1998 pour la création d'Holocauste

Entretien avec Claude Régy et trois comédiens sur Variations sur la mort - mis en scène par Régy - Guillaume Allardi, Olivier Bonnefoy, Bénédicte Le Lamer et Alexandre Barry, assistant à la mise en scène. Enregistré le 15 Septembre 2003 au Théâtre National de la Colline.

Entretien entre Claude Régy et Jean-Claude Ameisen extrait de la rencontre La complexité du vivant, organisée dans le cadre des 20e rencontres internationales Image et Science, coordonnées par le CNRS Images/Média, sur le thème de la complexité, au Théâtre National de la Colline le 30 octobre 2003.

Entretien avec Claude Régy réalisé par Tâm Tran Huy à Paris le 27 septembre 2005.

Une version de cet entretien est paru dans le Magazine Littéraire, "La Bible, le livre des écrivains", n° 448, Paris, décembre 2005. 

    Allocution de Claude Régy lors de la présentation de la saison 2005-2006 du Théâtre National de la Colline le 28 juin 2005. 
     

    Entretien avec Sébastien Derrey, assistant dramaturge de Claude Régy, réalisé par Olivier Besson.

      Textes extraits du film Claude Régy, la brûlure du monde

      réalisé par Alexandre Barry, production Local-films/Canal15 télévision, Paris, 2005.

       

          Vidéo

          Entretien avec Claude Régy sur les Variations sur la mort de Jon Fosse

           

          Bibliographie

          Annexes

          Texte extrait du dossier de presse de Comme un chant de David, Psaumes mis en scène par Claude Régy en 2006 au théâtre de La Colline. 

            Annotations et notes de lectures des Psaumes faites par Claude Régy pour sa création Comme un chant de David (2006). 

            Annotations et notes de lectures des Psaumes faites par Claude Régy pour sa création Comme un chant de David (2006).