création 
Comédies barbares

de Ramón del Valle-Inclán, mise en scène Jorge Lavelli

du 20 octobre au 19 janvier 1991 au Grand Théâtre

Don Juan Manuel Montenegro, despote, barbare, coureur de jupons, dernière icône vivante de la féodalité européenne, règne en maître sur son fief du nord de l’Espagne, la Galice. On est au cœur du XIXe siècle. Les temps ont changé, et une nouvelle organisation sociale et politique, plus démocratique, plus éclairée s’établit en Europe. Le pouvoir féodal s’affaiblit, en Espagne comme aux Balkans, en Italie comme à Vienne, en Bavière comme à Dantzig.
Sur ce fond historique de décomposition, le seigneur viole sa filleule, bafoue sa femme, fornique, boit et tue. Et, suprême paradoxe, aime et respecte ses rivaux autant que ses serfs, ses fils voleurs, ladres, assassins, autant que ses bâtards fidèles. Son monde d’une extrême cohérence et simplicité est devenu incohérent, bafouille. Les codes immuables sur lesquels sa vie et celle de ses ancêtres étaient réglées, n’ont plus cours.


Alors, dans une fresque puissante, excessive, tragique et folle, les cadavres sont arrachés du tombeau, les sorcières et les spectres virevoltent dans les airs, le fils aimé Gueule d’Argent à l’insolente beauté, périt à la guerre à cause de la félonie de son frère aîné, les putains règnent dans le manoir à la place de la haute dame et de la filleule damnée par l’amour, le miracle de la rédemption s’accomplit, la statuette de cire de l’Enfant Jésus se met à marcher dans la garrigue, la devineresse enceinte devient sourde, les mendiants en révolte triomphent des seigneurs, le lépreux se purifie dans les flammes, le vieux monde s’achève pour laisser place à un autre, plus juste, plus généreux.
Mais comment raconter ce qui n’est pas racontable ? En deux soirées vertigineuses, c’est la destruction de toute l’Europe paysanne, son ouverture vers le XXe siècle industriel, mais aussi les passions, les solitudes, la magie de l’enfantement et le souvenir de la fuite en Egypte qui nous sont racontés. Et il y a du sang et des larmes, et du sperme et des cliquetis d’épées, et les hurlements des loups. Tel est l’univers de Ramón del Valle-Inclán.
Armando Llamas

équipe artistique

de Ramón del Valle-Inclán 

texte français Armando Llamas 

mise en scène Jorge Lavelli 

collaboration à la mise en scène Dominique Poulange 

décor et costumes Graciela Galan 

musique originale Carmelo Bernaola 

lumières Joël Hourbeigt 

avec Claude Aufaure, Michel Aumont, Philippe Blancher, Christine Bouillette, Maria Casarès, Jean-Quentin Chatelain, Maurice Chevit, Monique Couturier, Luc-Antoine Diquero, Denise Gence, Ivan Gonzalez, Jean-Claude Jay, Philippe Joiris, Graciela Juarez, Isabel Karajan, Maria Laborit, Paula de Oliveira, Sarah Quentin, Georges Ser, Emiliano Suarez, Hélène Theunissen, Sylvain Thirolle, Didier Vallée, Maria Verdi, André Weber

Photo © Laurencine Lot
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