de Jean-Claude Grumberg, mise en scène Maurice Benichou
du 28 novembre au 20 janvier 1990 au Grand Théâtre
Né en 1939, je fus caché en zone libre, cramponné à la main de mon frère aîné pendant toute la guerre. La zone libre, entre la Pologne rêvée de Dreyfus et l’atelier trop réel de mon enfance, la zone libre me semblait inaccessible.
De plus, comme dans l’Atelier, je voulais montrer mes juifs au milieu des autres, là où les juifs doivent vivre. Je voulais les montrer sans les vanter - Kafka a dit qu’on ne peut vanter ce qui est nôtre -, mais surtout sans les humilier. Je voulais célébrer à la fois leur courage et leur lâcheté, leur aveuglement et leur clairvoyance.
Il me fallait bien sûr aussi placer l’action dans l’endroit le plus antithéâtral qu’il soit, en pleine nature : une maison sans caractère, perdue dans la verdure, loin des drames, des déchaînements, loin de Drancy et du Vel d’Hiv., de l’autre côté, du bon côté de la ligne de démarcation, loin, loin même de l’endroit où on la passe. Dans cet endroit où plus rien ne se passe, où l’on attend. Là où chaque décision coûte, là oùchaque mot est ressassement, écho, rumeur.
Jean-Claude Grumberg
équipe artistique
de Jean-Claude Grumberg
mise en scène Maurice Benichou
décor Gérard Didier
costumes Pierre Dios
illustration sonore Daniel Deshays
lumières Jean Kalman
avec Raphaëline Goupilleau, Jean-Claude Grumberg, Ralf Hofmann, Monique Mélinand, Geneviève Mnich, Brigitte Mounier, Jérôme Nicolin, Benjamin Rataud, Jean-Paul Roussillon, Georges Trillat