Mars 1985, l’Assemblée des Soviets au Kremlin. Upgokin et Smoukov, deux vieux membres du Politburo, débattent des temps nouveaux : vaut-il mieux changer ou mourir ? Le discours d’Alexis Antedilluvianovitch Prelapsarionov, le « doyen mondial des bolcheviques », leur fait écho : aveugle, il est nostalgique de la lumière de la Théorie. Faute de Théorie, peut-on encore agir ? Quant à la « jeune génération des apparatchiks », deux quinquagénaires, Popolitipov et son adjoint Rodent, ils opposent le cœur réactionnaire à l’esprit progressiste.

Prelapsarionov meurt subitement : son cœur s’est-il vengé de son cerveau, ou a-t-il simplement été victime de l’âge ? Le soir même dans une salle des archives pan-soviétiques de recherches sur le matérialisme cérébro-céphalo-génétique historico-biologique, Katarina Serafina Gleb, déjà ivre, veille sur les cerveaux des grands leaders du Parti depuis la Révolution. Elle repousse les avances de Popolitipov : elle attend le docteur Bonfila Bonch, médecin, spécialiste de cancérologie pédiatrique, dont elle est amoureuse. Les deux jeunes femmes boivent devant une icône sur laquelle on a peint le visage de Lénine : quand un miracle se produit – l’apparition d’une nouvelle bouteille de vodka – faut-il l’attribuer à Lénine ou à Saint Serge de Radonezh ?
Sept ans plus tard, nous sommes en Sibérie, où Popolitipov a fait déplacer Bonfila. Elle soigne une petite fille muette, victime de la pollution radio-active et reçoit la visite de Rodent, représentant du gouvernement, devenu ultra-nationaliste…